La vulgarisation de l’IA a ouvert de nouvelles perspectives de développement économique dans divers secteurs. Lancée depuis peu pour les besoins du quotidien, les analyses d’experts prévoient des jours florissants pour l’IA. Car, pour une croissance estimée à plus d’une cinquantaine de milliards de dollars à l’horizon 2028, il s’avère nécessaire d’étudier l’IA en tant que véritable marché, encore aux prémices de son potentiel.
En effet, malgré quelques imperfections, les domaines d’intervention de l’IA s’élargissent à mesure que ses paramètres d’évolution s’affinent. Ces développements interviennent en raison du développement du web, et du flux intarissable de données qui en découle. Par son amélioration, l’IA devient peu à peu un débouché sérieux pour engranger des ressources et pour augmenter la productivité.
En plus de créer des images et du texte, d’engager des conversations sur quasiment tous les sujets et de traiter des codes via des prompts, l’IA, bien qu’encore expérimentale, est désormais considérée comme un marché à part entière en raison de son potentiel.
Plusieurs raisons soutiennent cette observation comme :
- Son application concrète dans tous les secteurs,
- Les investissements colossaux dans les fonds de recherche IA des grands groupes technologiques,
- La demande en expansion de compétences en IA et gestion de données,
- L’adoption des particuliers avec l’usage du grand public,
- Le soutien des États pour un enjeu stratégique et compétitif.
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Les secteurs d’application concrète de l’IA
De premier abord, l’utilisation de l’IA contribue à d’autres domaines en dehors de la sphère médicale, dont :
- La conduite autonome,
- La recommandation de contenus,
- La détection de fraudes,
- L’optimisation de production,
- Le trading financier.
La conduite autonome
Deux caractéristiques majeures permettent à l’IA d’effectuer la conduite autonome. Il s’agit de la perception de l’environnement, et de la prise de décision.
- La perception de l’environnement : Grâce à des caméras et des radars comme capteurs, le véhicule automatisé collecte des données sur son environnement. Il détecte les éventuels usagers, obstacles, ou la signalisation de l’itinéraire emprunté via l’interprétation des algorithmes IA.
- La prise de décision : Après que le véhicule ait pris connaissance de son environnement, ce dernier doit décider des actions à mener : freiner, dépasser, ralentir, etc.
Notons que pour l’heure, une grande quantité de données est nécessaire pour faire prendre à certains modèles d’IA les meilleures décisions en toute situation.
La recommandation de contenus
Axée sur l’expérience utilisateur, l’IA présente sur des plateformes de streaming comme Netflix, ou d’e-commerce comme Amazon ou Alibaba va se servir de ses algorithmes pour analyser des contenus auparavant consultés, les avis et le comportement de l’utilisateur pour suggérer d’autres contenus personnalisés susceptibles de l’intéresser.
La détection de fraudes
À l’instar de LinkedIn pour la détection de faux profils, l’IA peut étudier des flux importants de données pour relever les possibles situations de fraude. Ce qu’applique la société Visa sur les paiements par carte bancaire en temps réel, avant validation de la transaction.
L’optimisation de production
Pour booster leur productivité, certaines entreprises affectent à l’IA certaines responsabilités, comme le partage des travaux, la maintenance prédictive et le contrôle qualité dans l’industrie. À l’image d’Uber, ou de GE Healthcare.
Le trading financier
Les algorithmes IA effectuent des transactions à très haute fréquence quand ils étudient de grands volumes de data boursiers en temps réel pour y déceler des opportunités d’arbitrage. La société de courtage Virtu Financial utilise cette technologie pour exécuter des milliers de transactions par seconde sur les marchés financiers.
Les investissements massifs injectés dans les fonds de recherche IA des grands groupes technologiques
La course effrénée des nations et des entreprises vers l’utilisation de l’IA pousse les grands groupes technologiques à rechercher des financements pour soutenir la recherche dans ce sens.
Les données des investissements par entreprises
Malgré une baisse d’un tiers de l’investissement global en 2022 comparativement à 2021, estimée à 189,6 milliards de dollars, l’IA comme marché potentiel suscite quand même beaucoup de fonds, tant dans les investissements privés que pour la fusion/acquisition, la participation minoritaire et les offres d’investissement publiques.
Ainsi, selon le rapport de l’index de l’IA pour 2023 de l’université de Stanford, plusieurs évènements ont marqué ces différents paliers de l’investissement au cours de l’année 2022. Soit :
- En fusion/acquisition, le rachat de Nuance Communications par Microsoft, estimée à 19,80 milliards de dollars US,
- L’injection de près de 5 milliards de dollars dans le groupe AVEVA en participation minoritaire,
- L’investissement privé à hauteur de près de 3 milliards de dollars US pour la GAC AI, une entreprise chinoise spécialisée dans la vente de véhicules électriques,
- Et l’offre publique à hauteur de 1,08 milliard de dollars pour accompagner l’ASR Microelectronics basé en Chine.
Quant au financement de l’activité des start-ups IA, la tendance globale révèle que, bien que l’investissement privé a diminué depuis 2021, il demeure 18 fois plus élevé qu’il ne l’était en 2013.
Les experts ont observé une balance similaire entre une baisse à court terme et une croissance à très long terme des évènements en investissement privé total. En effet, il y avait, en 2022, près de 3 600 activités d’investissement privé en rapport avec l’IA, représentant à la fois une baisse de 12% depuis 2021, et une croissance à hauteur de 6 fois l’investissement privé effectué depuis 2013.
Les données des investissements par pays
Par région géographique, les États-Unis d’Amérique sont en tête de liste, avec 47,4 milliards de dollars US en 2022. Ils dépassent de 3,5 fois la Chine, 13,4 milliards, et de 11 fois le Royaume-Uni, dont l’investissement privé tourne autour de 4,4 milliards.
Le positionnement des pays ne change d’ailleurs pas avec la somme globale des investissements effectués depuis 2013 dans l’IA. Les États-Unis gardent leur première position avec près de 250 milliards investis, suivis par la Chine, 95,1 milliards de dollars US, et le Royaume-Uni, 18,2 milliards.
Il en va de même pour le nombre d’entreprises spécialisées IA créées par région géographique. Les États-Unis restent en tête de toutes les régions géographiques avec 542 nouvelles start-ups montées en 2022. Ils sont suivis de loin par la Chine, 160 start-ups IA, et le Royaume-Uni, 99. Cela conduit à un total de 4643 entreprises IA créées aux États-Unis depuis 2013, 1337 en Chine, et 630 au Royaume-Uni.
Les données des investissements par domaine d’activité
En termes de domaine d’activité IA, les secteurs d’intérêt ayant suscité du financement courant 2022 restent :
- La médecine et les soins de santé, avec un investissement privé évalué à 6,1 milliards de dollars US,
- La gestion des données, pour un montant de 5,9 milliards,
- La technologie financière, pour une somme de 5,5 milliards de dollars,
- La cybersécurité, à hauteur de 5,4 milliards,
- Et l’e-commerce, avec 4,2 milliards.
Ces montants, bien qu’indiquant une diminution de l’investissement privé total dans la plupart des domaines d’intérêt en 2022 par rapport à 2021, illustrent néanmoins l’importance du marché potentiel que représente l’IA pour les entreprises et les nations en tant que moteur de croissance. Dans ce contexte, tout investissement pourrait être maximisé.
La croissante demande de compétences en IA et gestion de données
L’IA constitue aussi un véritable marché potentiel en termes de demande de compétences IA et gestion de data.
Les offres d’emploi par zone géographique
Par zone géographique, le top trois des pays à fort pourcentage est occupé par les USA (2,1%), le Canada (1,5%), et l’Espagne (1,3%). Pour chaque pays inclus dans cet échantillon, le potentiel d’offres d’emploi toutes compétences IA incluses est plus élevé en 2022 qu’en 2014.
Les offres d’emploi par pôle de compétences
Par pôle de compétences et spécialisation, les demandes de compétences proviennent principalement de l’apprentissage automatique avec 1 % des offres d’emploi, de l’IA en elle-même, 0,6%, et du traitement du langage naturel, 0,2%. Chaque pôle de compétence fait face à une demande de plus en plus croissante depuis plus de 10 ans.
Quant à la spécialisation, la demande pour des compétences virtuelles a augmenté depuis une décennie. Avec des pics notables en programmation Python en tant que codage de langage pour l’IA.
De ce fait, la demande de programmeurs Python s’illustre en première place des métiers spécialisés IA, avec une évolution de 12 884 offres en 2010-2012, à près de 300 000 offres aux États-Unis.
D’autres corporations de métiers IA sont à retrouver dans cette étude comme :
- La science informatique, 48 001 offres en 2010-2012 contre 260 333 en 2022,
- La programmation SQL, 22 037 offres contre 185 807,
- L’analyse de données,
- La science des données,
- Les services internet Amazon,
- La méthodologie Agile,
- L’automatisation,
- La programmation Java,
- Et l’ingénierie logicielle.
Par secteur, les pourcentages d’offres d’emploi sont également en augmentation constante entre 2021 et 2022. Le secteur de l’information occupe la première place, 5,3%, suivi des services professionnels, scientifiques et techniques, 4,1%, et de la finance et l’assurance, 3,3%.
L’adoption IA des particuliers avec l’usage du grand public
Concernant l’adoption de l’IA par les particuliers, divers avis ont été recueillis de la part des populations constituées en échantillon.
Alors que les observations ont montré que les hommes avaient des opinions plus positives que les femmes sur les produits et services IA, quitte à être plus susceptibles de croire que cette technologie aidera bien plus l’humanité qu’elle lui nuira, les chercheurs ont dénoté que ces observations s’appliqueraient bien plus aux populations de l’Asie qu’aux américains.
Au-delà de cet aspect, l’échantillon d’Américains intéressés par les offres IA le sont pour des raisons toutes différentes et multiples. En effet, pour 31% d’entre eux, l’IA aurait le potentiel d’améliorer la vie et la société, tandis que pour 13%, elle permettrait de gagner du temps et d’être plus productif, efficient. Bien que 19% d’Américains questionnés soulevaient des préoccupations à propos de la disparition d’emplois humains, 16% restaient alarmés par la possibilité de surveillance, de piratage, et l’absence d’intimité digitale, et 12% pour le manque de connexion humaine.
Tout compte fait, au vu des données collectées d’un point de vue global, les utilisateurs ont développé une nécessité de l’IA. Telles que :
- 60% estiment que l’IA aura un impact significatif sur leur quotidien pour les 3 à 5 prochaines années,
- 60% estiment qu’utiliser l’IA leur facilite grandement la vie,
- 52% pensent que les produits et services utilisant l’IA en bénéficient plus qu’ils n’en perdent,
- 50% font autant confiance aux entreprises utilisatrices de l’IA qu’aux autres entreprises qui ne l’utilisent pas,
- 49% soutiennent que l’usage de l’IA a changé leur quotidien au cours des 3 à 5 années passées.
Le soutien des États pour un enjeu stratégique et compétitif
Les politiques des états en matière d’IA sont aussi une garantie faisant de cette technologie un sérieux marché potentiel. En votant des lois qui appuient l’utilisation et le développement de la recherche dans l’IA, les gouvernements prennent l’engagement de déployer les infrastructures nécessaires et d’appuyer les besoins de financement des start-ups dans les secteurs où l’IA est la plus demandée. Ce qui implique la mise en place de stratégies nationales pour vulgariser l’IA, sensibiliser à son utilisation, et trouver éventuellement des solutions aux problèmes d’éthique, de respect des lois, de l’employabilité, du capital humain, de la santé, de l’éducation, et du bien-être social global.
Si tous les pays disposent de dossiers légaux sur la mention d’une stratégie de gouvernance en rapport à l’IA, il est à noter que plus d’une cinquantaine de pays ont des stratégies IA déjà établies, tandis que 14 y travaillent encore.
En 2022, les USA, l’Espagne, et les Philippines occupent le top trois des pays avec un nombre conséquent de projets de lois IA ayant été votés.
Toutefois, on observe un changement de classement en faisant la somme de tous les projets de lois votés depuis 2016. Les USA y maintiennent néanmoins leur première place.
Voici d’ailleurs un aperçu de certaines législations visant à solutionner des problématiques autour de la sécurité nationale (Lettonie), des droits d’équité (Espagne), et de l’éducation (Philippines).
Conclusion
Somme toute, l’IA bénéficie d’un engouement qui peut relever de l’effet de mode. Malgré des défis évidents à relever, ses fondamentaux économiques sont ceux d’un marché potentiel prometteur à un bel avenir. Les investissements conséquents d’acteurs privés et publics, l’adoption des particuliers sont autant de signaux positifs d’opportunités. Ainsi que son insertion dans de multiples secteurs d’activités.
Il s’agit donc d’un domaine qui porte de fructueuses promesses. Pour ce faire, les différents acteurs ne devront ménager leurs efforts quant aux subtilités d’usage de cette technologie.
Ceci dit, avec un tel potentiel de disruption, l’IA semble pouvoir révolutionner durablement de nombreux pans de notre économie et société au XXIe siècle.